6 janv. 2010

Martine au Nepal

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Plus d'un mois apres mon arrivee a Kathmandou, petite presentation de la situation locale.

Rappel du contexte de depart.
Je suis arrivee au Nepal dans l'idee de m'y poser quelques temps pour faire connaissance de la culture locale, de ses habitants, etc. L'idee pour arriver a ca (et donc quitter le statut de touriste de passage) etait d'aider une association pendant 3 mois de benevolat.
J'avais trouve sur internet, avant de partir, une structure qui me permettrait de faire ca, une association qui gere des orphelinats (ou tous les enfants sont loins d'etre orphelins, mais c'est une autre histoire) dans lesquels ils accueillent toute personne souhaitant venir faire de l'animation.

Je suis donc arrivee sur place le 2 decembre dernier et travaille depuis dans une maison qui regroupe 32 filles entre 7 et 18 ans.

Les filles sont globalement gentilles comme tout, comme le sont de facon general les Nepalais.
Cote communication, c'est sans souci puisque tout le monde fait de l'anglais a l'ecole. Bon evidemment de temps en temps l'accent du coin ou des structures de phrases pas tres british font que je peux mettre un moment a comprendre de quoi on me parle, mais c'est anecdotique.

Il y a eu mise en place de cours de nepali il y a quelques semaines, mais qui se sont arretes pas tres longtemps apres avoir commence car la prof faisait des prix plutot eleves : qu'elle gagne, avec 4,5 heures de cours par semaine (3x1,5), presque autant qu'un instit d'une ecole publique (soit 8.000 Roupies nepalaises = 80 Euros) etait un peu indecent.
Bien sur dans l'absolu ca semble peu cher et je ne suis pas a 10 Euros pres, mais dans le contexte local, ca pose question.

Cote role a tenir et organisation d'activites dans la maison, pas facile facile pour plusieurs raisons.
- La maison tourne bien toute seule, le fonctionnement est rode et la presence de volontaires n'est pas a proprement parler necessaire. En tout cas c'est mon impression pour le moment. Du coup, quel role jouer ? A quoi servir ? Etre present pour... faire de la presence ? Bof bof.
- Les filles vont a l'ecole pendant la journee, ont des devoirs a faire le soir, donc avec les repas et les quelques moments ou elles se detendent secondes en jouant entre elles, pas beaucoup d'espace disponible pour faire quelque chose d'autre. Re-a quoi servir ?
- L'atmosphere generale est assez pechue, speed, ca court dans tous les sens, ca n'hesite pas a crier toutes les 3 secondes pour se faire entendre, et la notion de competition est partout. Du coup, pas facile a gerer quand on est dans un contexte (normalement...) de jeu : grand exemple samedi dernier ou j'ai decide d'arreter le jeu a sa moitie parce que les filles, au sein de la meme equipe, se criaient dessus et se faisaient des repproches parce que l'une avait soit disant rate un truc... Ca a finit avec des pleurs et j'ai donc dit basta parce qu'on etait vraiment plus dans l'objectif plaisir du depart.
(Penser a des jeux uniquement collaboratifs et sans notion d'equipe sinon c'est mort...)

Bref, ma conclusion du moment c'est qu'a part donner un coup de main pour les devoirs le soir et proposer quelque chose le samedi, il n'y a pas trop d'autre espace.
Je reflechissais a proposer un atelier theatre une ou deux fois par semaine, mais c'est la bataille pour avoir ne serait-ce qu'une salle de plus de 10 metres carres dans un horaire acceptable le soir, donc a voir.

Bien sur on peut se dire qu'on peut faire les choses a l'arrache un peu dans le bazar, que si la salle pour le theatre est microscopique, que si les jeux partent un peu en cacahuette c'est pas grave et c'est toujours mieux que rien, mais je ne suis pas pour le moment de cet avis-la.

Pour le reste, disons que, sans avoir d'attentes precises, je pensais tomber sur une structure... structuree, mais qu'elle ne l'est pas trop.

Pas de ligne directrice, pas de presenation des objectifs... Bref, pas de presentation du bateau a bord duquel je suis montee.
J'aurais aime qu'on me dise si on tourne a voile, a rames ou si on a des moteurs, qu'on me dise si on navigue plutot a vue ou si on a des instruments, qu'on me dise si on a un capitaine ou plusieurs, qu'on me dise ou on va et s'il y a des escales intermediaires de prevues, qu'elles sont les forces et les faiblesses du bateau, etc.
Mais ca n'a pas ete le cas. Il faut vadrouiller dans le bateau, voir comment il fonctionne sur tous ces points et trouver sa place et son role tout seul puisque la chose n'a pas ete reflechie en amont.

Certes on m'a fait part du code vestimentaire de l'endroit (non, pas de mini-jupes sur le bateau nepalais) et parle du code comportemental (ne pas inviter quelqu'un a boire un the en tete a tete sinon, au bout de 3 rendez-vous, c'est mariage), mais ca ne me semble pas suffisant.
Ma premiere impression a donc ete celle d'un grand flottement : "Voila la maison ou les volontaires habitent, voila ton lit et voila le frigo, et enfin voila la maison ou tu vas intervenir. Allez, salut !".

Objectif global a court, moyen et long terme ? Pas d'info.
Objectif personnel a court et moyen terme ? Doit-on en definir un ou plusieurs ? Pas d'info.
Attentes de l'association quant au role des volontaires dans les maisons ? (Mais ont-ils seulement reflechi a la chose ?)
Reflexion sur l'impact, dans la tete des enfants nepalais, de ce defile de volontaires blancs toute l'annee dans leur maison ? Quelqu'un s'est-il deja demande si le resultat etait vraiment positif?
Perso je me pose la question.

Du coup, Martine cherche sa place et se fixe des petits objectifs personnels pour que la mission ait du sens.
Sympatique certes, mais pas pleinement satisfaisant pour le moment car sentiment evident que, chacun faisant de la sorte, le resultat est decousu et manque de sens.
Et quand les choses manquent de sens, alors pourquoi les faire...?

Bref. Voyons le positif : le verre est a moitie plein, la marge de progression enorme et la place laisse a l'initiative personnelle exceptionnellement grande. N'est-ce pas merveilleux ?

Aujourd'hui c'est le debut des vacances et les filles auront plus de temps. Je vais tenter la mise en place d'un atelier cuisine pour qu'elles se fassent elles-meme un gouter maison qui leur epargne le truc industriel habituel.

Prochain episode, donc : "Martine fait un cake a la (noix de) coco !"

La presentation generale etant faite, quelques photos pour illustrer l'ambiance du quartier :

































































(ci-dessus a droite, le fameux feu-de-rue-de-cartons-et-plastiques evoque dans la note precedente. Excellent pour se rechauffer et y voir un peu quelque chose pendant les coupures de courant. A ce sujet, nous en sommes actuellement a 8 heures de coupures par jour et devrions inexorablement passer a 12... mais on ne sait pas trop quand. J'essaierai d'en parler a l'occasion)

1 janv. 2010

Bienvenue en 2010.

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Pour commencer l’annee (et parce qu’il va me falloir un moment pour rattraper le retard pris sur les chapitres precedents), detendons-nous avec quelques-unes des actualites pratiques marquantes de ces derniers jours... (depuis la Nowel, quoi).

ALIMENTATION

Avec ma sedentarisation nepalaise est apparu la possibilite de se faire a manger soi-meme. O joie ! Ne trouvant pas de pain qui tienne la route (un pain avec du caractere quoi... Car, ami du pain de mie, le Nepal est fait pour toi), j’ai entrepris de faire le meilleur pain au levain de la terre. Et je crois que j'ai presque reussi.


Ingredients / materiel :
- un paquet de 5 kg de farine de ble semi-complete empaquetee au Nepal (provenance non precisee) ;
- un verre de lait d’Inde ;
- une cuillere a cafe de miel des montagnes nepalaises (ramene a Kathmandou il y a de cela quelques semaines, en camion) ;
- de l’eau du robinet bouillie ;
- un bol en acier de la quincallerie du coin.




Recette (aussi appellee dans le cas precis « La grande odyssee ») :


- Melanger le verre de lait + deux verres de farine + la cuillere de miel.
- Poser bebe levain dans un coin tranquille de la maison pour le faire fermenter en lui donnant a manger (ajout de farine + eau) tous les 24 heures minimum.
- Le deuxieme apres-midi, sauver le levain d’une attaque de fourmis.
- Au bout de 3 jours, constater que le melange ne contient toujours pas une bulle et s’inquieter (en meme temps, l’hiver nepalais - sans chauffage - donnant du 10-12 degres dans la maison, ca n’a pas non plus ete une surprise).
- Avant de jeter, tenter l’operation de la derniere chance, un bain-marie d’eau chaude renouvelle toutes les 2-3 heures.
- Constater la presence de bulles, reprendre espoir, ajouter un gros volume de farine et d’eau, faire lever deux fois (pas la nuit, il fait vraiment trop froid).
- Sauver les patons en pleine deuxieme levee d’une nouvelle attaque de fourmis.
- Faire cuire dans le mini four disponible.
- Faire des photos et deguster acompagne d’un bon morceau de fromage de yack.


NOEL

Le marketing reussit petit a petit a installer au Nepal des petites touches de Noel, mais ca n’est pas non plus LA fete de l’annee. Comprendre : ce soir-la, sois tu vas manger dans Thamel, le quartier touristique de Kathmandou, dans un resto ou ton plat represente un dixieme du salaire du gars qui le sert, soit tu ne fais rien.
Ou alors il y a une derniere possibilite, c’est d’aller se faire souhaiter un ‘merry Christmas’ dans un bar nepalo-tibetain en se faisant servir de la ‘tomba’, une sorte de biere de millet servie chaude, grande specialite nepalaise.

Pour une tomba de Noel pour deux, prevoir :
- un litre et demie a deux litres de millet noir fermente pendant une duree indeterminee (je me renseigne sur la question) ;
- un petit tonneau en bois ;
- un thermos d’eau chaude ;
- deux pailles veritables ;
- deux assiettes de frites (une belle surprise et un joli beau cadeau du 24 au soir).

Ensuite, dans le principe, c’est assez simple. Le petit tonneau arrive sur la table, rempli jusqu’a ras bord de millet. Le thermos suit dans la foulee, on ajoute de l’eau sur le millet, on aspire avec sa paille en galerant de temps en temps pour la deboucher du millet qui y est coince. Et on rajoute de l’eau quand on veut pour ralonger la sauce, a la facon du the vert en Chine.
Apres, cote gout, que dire...
C’est entre la biere et la frenette (ou autre chose qui parle a mes papilles mais que je n’ai pas reussi a reconnaitre), le tout chaud comme du the. Moins amer que la biere mais parfum assez type, surement renforce par le fait que ce soit chaud. Bref, c’etait sympa d’essayer mais je n’en boirais pas des litres.





Pour finir de decrire l’enormissime ambiance de Noel qu’il regnait ici, une petite photo du tableau d’information de la maison : une creche, un pere Noel et de la neige... Que demande le peuple ?



31 DECEMBRE

La encore, le marketing (ou plutot la globalisation) a beau faire ce qu’il/elle peut, le 31 decembre n’est pas non plus la plus grosse fete de l’annee pour la simple et bonne raison que le Nepal ne vit pas selon le calendrier gregorien : « 31 decembre » ne veut presque rien dire ici, et pour info on est en 2066.

N’etant toujours pas motivee pour aller boire des verres a Thamel, j’ai opte, avec quelques autres volontaires, pour un petit repas rapide dans un petit resto du coin, puis suis allee rejoindre la soiree feu de camp sur le toit-terrasse de la maison d’enfants ou je ‘travaille’.
Ambiance sympathique (mais nepalaise – comprends pas encore tout), gateaux aperos, gateaux, patates a faire cuire dans le feu et cafe. Et observation de la pleine lune et la mini eclipse du jour.


Je me faisais la reflexion que cette petite soiree ressemblait pas mal a ce qui pouvait se faire en Europe, jusqu’a ce que le feu, jusque-la de bois, soit agremente d’un ou deux sacs plastiques, puis papiers alu et verres en plastiques (une bonne 15aine).
Reflexe, j’ai commence a dire « gloups, pas le plastique dans le feu ! Et l’alu faut l’enlever, ca brule pas ! » pour ensuite me raviser : des feux de plastiques il y en a tous les jours dans le quartier. Pas de ramassage d’ordures remarque pour le moment ; j’imagine que bruler est la seule solution viable a l’heure actuelle...
On a donc continue a faire cuire nos patates dans le chaleureux crepitement du plastique qui se tortille et fait des bulles, certaines ont du defendre leur patate d’attaques de plastique fondu collant comme on aime, et puis voila.
(Note : je me suis quand meme fendue d’une demonstration de patate dans le papier alu, qui a presque fait sensation.).

A minuit, rien de special, pas plus mal. On a continue a regarder alternativement le feu (dans lequel on avait ajoute des bambous ; le bambou sec brule tres bien) et la pleine lune plus vraiment pleine, car mini eclipse de Lune !
(Ok il faut ecarquiller un peu les yeux mais sur la photo on voit que le contour n'est pas vraiment rond.)
Un passage en 2010 tout en douceur.




JANUARY 1RST, 2010
Welcome in 2010!
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To start the new year (and because it will take me a while to catch up with the previous chapters), let's focus on the highlights of the last days ... (meaning, from Christmas).

FOOD

With my new sedentary Nepalese life appeared the possibility to cook by myself. O joy! Not finding any bread that I like (I mean bread with 'character'...), I undertook to make the best sourdough bread on the earth. And I think I almost succeeded.

Ingredients / equipment:
- A pack of 5 kg of semi-whole wheat flour packaged in Nepal (origin unspecified);
- A glass of milk from India;
- A teaspoon of honey from the mountains of Nepal (brought back in Kathmandu a few weeks ago, on a truck);
- Boiled tap water;
- A steel bowl.

Recipe (also called in my case "The great Odyssey"):
- Mix the milk + two glasses of flour + the spoon of honey
- Leave this baby sourdough mix in a quiet place for fermenting, feeding it (adding flour + water) every 24 hours minimum.
- On the second morning, rescue it from an ants attack.
- After 3 days, sadly note that the mixture still does not have any bubble in it (the 10-12 degrees in the house doesn't make it such a big surprise), and start worrying .
- Before throwing away, try a "last chance" attempt, warming up the mixture with a bath of hot water renewed every 2-3 hours.
- Note the presence of bubbles, regain hope, add a large amount of flour and water and let the dough rise twice (but not at night where it's really too cold).
- Save the bread in its second rising of another attack of ants.
- Bake in the mini-oven available.
- Take pictures and enjoy with a good piece of yak cheese.


CHRISTMAS

Despite marketing efforts, Christmas is still not THE party of the year in Nepal. Understand: on that evening, or you'll go eating in Thamel, the tourist district of Kathmandu, in a restaurant where your dish represents one tenth of the salary of the waiter, either you do nothing.
Or there's one last possibility which is to be wished a nice 'Merry Christmas' in a Nepalese-Tibetan bar, drinking "tomba", a kind of millet beer served hot, big Nepalese specialty.

For a Christmas night for two people, plan:
- A liter and a half to two liters of fermented black millet;
- A small wooden "bucket";
- A thermos bottle of hot water;
- Two real natural straws;
- Two plates of French fries (a nice surprise and a nice gift on this December 24th night).

Then, the principle is fairly simple. The small barrel arrives at the table, filled in with millet. The thermos bottle follows, you add water on the millet and suck with the straw , fighting from time to time to empty it from the millet seeds. And simply add more water when you want to drink more, like green tea in China.
About the taste of it...
I think it is somewhere between beer and "frenette" (or something that speaks to my taste but I failed to recognize what it was). Less bitter than beer is, but fairly strong though, surely because of it being served hot. In short, it is ok but I would not drink liters of it.

To the fantastic Christmas atmosphere entirely, above is a photo of the information board of the volunteers' house: a Christmas crib/creche, a Santa Claus and snow... What else? (As Georges would say)

DECEMBER 31

Again, the marketing (or rather globalization) may well do its best, December 31 is not the biggest party of the year either, for the simple reason that Nepal does not live according to the Gregorian calendar: "December 31" does almost nothing to say here, and we are in year 2066.

As I was still not excited by the idea to go drink beers in Thamel, I joined the evening campfire on the roof terrace of the children's home I worked in.
Friendly atmosphere (but Nepalese - I can't yet fully understand), biscuits, cakes, sweets, potatoes cooked in the fire and coffee. And observation of the full moon and the mini eclipse of that day.

I was thinking that this nice evening was quite close to what could be done in Europe, until the fire - so far 'fed' with wood - gets one or two plastic bags, aluminum film and plastic glasses (a good 15) as new year's present.
Pure reflex, I started to say "No! No plastic in the fire! And aluminum should be removed, it won't burn! ".And then changed my mind: so called "plastic fires" take place every day here or there in the neighborhood. No proper collection of rubbish (or at least not efficient enough) so burning is the most common solution.
We therefore kept on cooking our potatoes in the warm crackle of plastic that squirms and makes bubbles, some girls had to defend their potatoe from attacks of melted plastic sticky as you can imagine, and this is all.
(Note: I made a nice demonstration of how to cook a potato in aluminum foil, which almost impressed them :).

At midnight, nothing special, just perfect. We continued to look alternately at the fire (which had been added bamboo - dry bamboo burns very well) and at the full moon not really full, because of the mini eclipse.
(See the above photo where one can see that the contour is not really round.)
A smooth passage to 2010...